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Or frequent seem to shoot athwart the gloom,
And long behind them trail the whitening blaze.*

THOMSON, Winter.

Je regrette de ne pouvoir transcrire d'autres descriptions aussi belles, aussi vraies, plus animées encore : une pluie de printems; le déluge; les amours des oiseaux; la chasse; un clair de lune; un naufrage; le voyageur égaré la nuit; l'homme qui périt dans la neige; la zone torride, la zone glaciale. Mais j'aurais pu copier tout le poëme.

Comparez, même à la traduction française de Thomson, les saisons de St. Lambert. Comme tout est froid, immobile, décoloré! il ne peint point, il ne chante même pas; il raisonne : il n'est ni peintre, ni poëte; il est philosophe; il substitue les réflexions aux

ou semblent, par intervalles, percer l'obscurité, et traîner loin derrière elles un jet de flamme blanchâtre.

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images, et la métaphysique à la naturé. Cet ouvrage, sans doute, n'est pas sans mérite; mais ce n'est point un poëme descriptif (1).

Notre langue, cependant, n'a rien à envier de ce côté aux anglais; et Delille a donné un Thomson à la France.

POPE aussi a connu et fait connaître le charme de la poésie descriptive; et la forêt de Windsor est dans ce genre un ouvrage charmant; mais le poëte y brille plus que le peintre; et, supérieur à Thomson pour les grâces du style et la finesse des pensées, il lui cède pour la vivacité des couleurs et la vérité des tableaux.

JE me borne à indiquer les Plaisirs champêtres de Gay, (rural sports), et les Plaisirs des champs (fields sports) de Somerville.

Vous, amis de la poésie sombre et

(1) Voyez la description d'une pluie de printems, par S Lambert, et la même par Thomson, que j'ai essayé de traduire en vers.

mélancolique, cherchez-vous une peinture forte et énergique de la nature, des observations justes et profondes sur la vie humaine tendance pro

une ,

noncée à la vertu, et un sentiment vif de la religion, suivez, dans ses promenades visionnaires, l'Homme errant, (the Wanderer) de Savage; de l'infortuné Savage dont vous lirez, je crois, la vie avec un grand intérêt. Quelle touche vigoureuse! quelle effrayante énergie dans ce portrait si célèbre du suicide!

A fiend, in evil moments ever nigh
Her eye all red and sunk; a robe she wore
With life's calamities embroider'd o'er.
A mirror in one hand collective shows,
Varied and multiplied, that group of woes.*

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* Cette furie, dans nos momens de malheurs toujours

près de nous,

l'œil rouge et enfoncé; elle porte une robe

brodée avec toutes les calamités de la vie ; · un miroir, dans sa main, fait voir réuni, varié et multiplié, ce grouppe de maux.

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This endless foe to generous toil and pain
Lolls on a couch for ease; but lolls in vain;
She muses o'er her woe-embroider'd vest
And self abbhorrence heightens in her breast.
To shun her care, the force of sleep she tries,
Still wakes her mind, tho' slumbers doze her
She dreams, starts, rises, stalks from place to place,
With restless, thoughtful, interrupted pace;
Now eyes the sun, and curses every ray,

eyes.

Now the green ground, where colour fades away. Dim spectres dance. Again her eye she rears; Then from the blood-shot ball wipes purpled tears; Then presses hard her brow, with mischief fraught,*

*Cette éternelle ennemie du malheur courageux, s'étend sur une couche pour reposer, mais s'étend en vain; elle médite sur son habit brodé de malheurs,

et augmente dans son sein l'horreur de soi-même. Pour fuir sa douleur, elle essaye la faveur du sommeil ; son esprit veille encore quand son œil s'assoupit. Elle rêve, tressaille, se lève, marche à grands pas A pas turbulens, pensifs, interrompus; tantôt fixe le soleil et maudit chaque rayon;

tantôt fixe la terre dont la couleur s'efface.

De lugubres spectrés dansent; son œil se dresse encore; de sa paupière blessée à sang elle essuie des larmes

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Her brow half bursts with agony

of thought.

>>>From me, she cries, pale wretch, thy comfort claim, >>Born on despair, and Suicide my name. »

SAVAGE, the wanderer.

Il me semble impossible de lire ces vers sans éprouver l'impression d'une profonde terreur.

UN des plus beaux sujets, pour la poésie, tomba dans les mains d'un autre auteur trop faible pour remplir le cadre immense qu'il s'était choisi; je veux parler des Plaisirs de l'imagination, par Akenside. En vain il le recommença entièrement et fit imprimer les deux poëmes; tous deux, quoiqu'estimés, peut-être, me paraissent bien au-dessous du sujet qui sera, sans doute, plus heureusement traité par le Thomson français (1).

*son sourcil se fend à moitié par l'agonie de la pensée. » De moi, s'écrie-t-elle ; pâle misérable, attend ton soulagement,

» né du désespoir, le Suicide est mon nom. »

(*) On assure que le poëme sur l'imagination, par Delille, va paraître.

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