Page images
PDF
EPUB

Pope l'avait d'abord composé en deux chants; il imagina ensuite d'y introduire, non les dieux d'Homère et de Virgile, non les anges et les diables de Milton ou les enchanteurs du Tasse, mais les sylphes, les gnomes, tout le peuple aérien du comte de Gabalis.

[ocr errors]

Instruit qu'un grand malheur, dont il ignore la nature, menace Belinde, Ariel, chef des sylphes, assemble ses légers compagnons, et leur dit :

Whether the nymph shall break Diana's law,
Or some frail China-jar receive a flaw;

Or stain her honour, or a new brocade;
Forget her prayers, or miss a masquerade;
Or lose her heart, or necklace, at a ball;

Or whether heaven has doom'd that Shock must fall:

*Soit que la nymphe doive violer les lois de Diane, ou briser quelque fragile porcelaine de la Chine; faire une tache à son honneur ou à sa robe neuve; oublier ses prières, ou manquer un bal masqué; perdre son cœur ou son collier en dansant;

soit que le ciel ait prononcé la mort de Shock, son épagneul :

Haste then, ye spirits, to your charge repair:
The flutt'ring fan be Zephyretta's care;
The drops to thee, Brillante, we consign;
And, Momentilla, let the watch be thine;
Do thou, Crispissa, tend her fav'rite lock;
Ariel himself shall be the guard of Shock;
To fifty chosen sylphs, of special note,
We trust th'important charge...... the petticoat.

POPE, the Rape of the lock, canto 2.

[ocr errors]

Et quel est le Français qui, sachant un peu d'anglais, ne s'est empressé de lire ce petit chef-d'œuvre! Marmontel l'a traduit en vers. Sa traduction ne manque ni de fidélité, ni de correction: mais elle est froide, sérieuse; elle n'a point cette légèreté de grâces, cette malice de pensées, cette poésie brillante et vive qui embellissent l'original. Je crois

*hâtez-vous, esprits légers, de remplir votre charge: que l'éventail volage soit commis aux soins de Zephiretta; je te confie, Brillante, le flacon de sels volatils;

toi, Momentilla, tu veilleras sur la montre;

Crispissa aura soin de sa boucle de cheveux favorite;
Ariel lui-même gardera le petit Shock;

à cinquante sylphes choisis, d'un rang distingué,
nous confions la charge importante...... le jupon.

d'ailleurs, qu'il eût mieux fait d'employer, à cette traduction, le vers de dix syllabes, la mesure de Vertvert, de Ce qui plaît aux dames.

DRYDEN avait commencé à traduire l'art d'aimer, d'Ovide; King en a donné une traduction complète.

UN poëme infiniment plus joli, quoique trop libre, est l'Économie de l'amour, par le docteur Armstrong. Le but de cet ouvrage est honnête; les préceptes en sont sages; mais, comme il le dit lui-même, sa plume, trop hardie, a tracé des images trop voluptueuses :

Now hear me, lovers, ye whose roving hearts
No sacred nuptial chains have yet confin'd;
Attentive hear, and dayly, nightly weigh
The counsels sage, which thro' my raptur'd breast
Το you th'auspicious heavenly muse conveys;

*Maintenant écoutez, vous amans, dont les cœurs errans ne sont point encore fixés par les chaînes de l'hymen; attentifs, écoutez et pesez jour et nuit

les conseils

sages que, dans l'enchantement de mon cœur, vous donne une muse céleste et bienfaisante;

The muse, no soothing minister of vice, Though now, in sportive vein, in youthful ears She tunes her song, to give instruction grace.*

ARMSTRONG, œconomy of love.

Comme ce poëme ne tombera point dans les mains de la plupart de mes lecteurs, ils me pardonneront une citation un peu longue, où rien ne peut blesser l'oreille la plus chaste : l'auteur s'adresse au séducteur d'une jeune fille :

Oh, let no parent's woe, No plaints of trusting innocence, nor tears Of pining beauty, blast thy guilty joys! Shall she, so late the softener of thy life,

Thy chief delight, whose melting essence oft*

*

une muse qui n'est point le ministre flatteur du vice, quoique sur un ton folâtre, à vos jeunes oreilles, elle module ses chants, pour donner de la grâce à l'instruction.

*O que la douleur d'un père,

que les plaintes de la confiante innocence, que les larmes de la beauté gémissante, arrêtent ta coupable joie ! Doit-elle, elle si récemment le charme de ta vie, elle, ton plus doux délice, elle, dont le ravissement

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Can mingle, she who deem'd thy vows sincere Thy passion more than selfish, and thy love To her devoted as was her's to thee;

Shall she, o cruel perfidy! at last

Shall she not find in thee

Unshaken amity? when to thy arms

Well known, with wonted confidence, she flies To pour her sorrows forth, and sooth her cares? Shall she then find thy faithless heart from home, From her estrang'd? at that disastrous hour Wilt thou ungently spurn her from thy love?

dans ton ravissement se confondait, uni

autant que

deux âmes

peuvent se mêler; elle, qui crut tes vœux sincères,

qui crut que tu ne l'aimais pas pour toi seul, que ton amour lui était dévoué comme le sien te l'était ;

doit-elle, ô barbare perfidie! doit-elle, à la fin,

ne pas trouver en toi

une amitié inaltérée, quand dans tes bras

bien connus avec une confiance accoutumée, elle

accourera

[ocr errors]

pour épancher ses chagrins et adoucir ses peines? Doit-elle alors trouver ton infidèle cœur

étranger pour elle? à cette heure désastreuse, pourras-tu, sans pitié, la rejeter de ton amour?

« PreviousContinue »