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Cette plaisanterie a donné lieu à une parodie, intitulée : the Crooked six pence (la Pièce de six sous crochue), par Bramston, et cette parodie a été encore parodiée dans une troisième pièce, intitulée: the Copper farthing (le Liard de cuivre), par miss Pennington.

A PEU PRÈS dans le même genre on lira encore avec plaisir, the Schoolmistress (la Maîtresse d'école), de Shenstone, écrite en stances à la manière de Spenser, très-ancien poëte anglais. « C'est, dit Dodsley, un de ces bon» heurs dans lesquels un auteur » surpasse lui-même. Le vieux langage >> dont il se sert, répand sur l'ouvrage » une solennité vraiment plaisante. Je n'en citerai que la seconde stance et regrette de n'en pouvoir citer davantage :

se

In ev'ry village mark'd with little spire,
Embower'd in trees, and hardly known to fame,'

>>

*

*Dans chaque village, marqué par un petit clocher,
entouré d'arbres, et à peine connu de la renommée

There dwells, in lowly shed, and mean attire, A matron old, whom we school-mistress name; Who boasts unruly brats with birch to tame. They grieven sore, in piteous durance pent; 'Aw'd by the pow'r of this relentless dame; And, oft-times, on vagaries idly bent, For unkempt hair, or task unconn'd, are sorely shent.*.

SHENSTONE, School mistress.

Telle est enfin la parodie du fameux monologue d'Hamlet to be or not to be, être ou n'être pas, de Shakespeare. On fait dire à un auteur: to print or not to print, imprimer ou ne pas imprimer.

* là, demeure, dans un humble hangard et un chétif attirail,

une matrone vieille, que nous nommons maîtresse d'école.

Elle se vante de dompter avec des verges des marmots étourdis,

ils souffrent cuisantes douleurs dans leur piteuse

prison,

tremblans sous le pouvoir de l'inflexible dame,

et souvent, soumis à de vaines boutades,

pour des cheveux mal peignés, ou une tâche malfaite, sont douloureusement corrigés.

Je devrais parler ici des poëmes critiques; mais ce genre ne va point à mon humeur. Je n'ai lu ni la Dunciade de Pope, ni, à plus forte raison, celle de Palissot. La critique y est trop personnelle. Je préfère la satire qui, avec plus de dignité, attaque moins les hommes et les auteurs, que les mœurs et les ouvrages.

SATIRE.

Of all the

ways

that wisest men could find

To mend the age and mortify mankind,
Satire well writ has most successful prov'd
And cures because the remedy is lov'd.

This

poem must be more exactly made,

And sharpest thoughts in smoothest words convey'd.
Some think, if sharp enough, they cannot fail,
As if their only business were to rail;

But human frailty nicely to unfold
Distinguishes a satire from a scold;

Rage you must hide, and prejudice lay down;
A satyr's smile is sharper than his frown.

*

BUCKINGHAM, essay on poetry.

Les deux genres de poésie dans lesquels l'anglais est le mieux secondé par

De tous les moyens que le sage peut trouver pour corriger le siècle et mortifier le genre humain, la satire bien écrite est celui qui a le plus de succès : elle guérit, parce que le remède est aimé.

(La suite à la page suivante.)

sa langue, sont le poëme descriptif et la satire. L'abondance des expressions qui appartiennent à cette langue ou qu'elle a empruntées des autres, et l'inépuisable mine de ses adjectifs composés, lui donnent une merveilleuse facilité de peindre jusqu'aux moindres nuances des objets; en même tems que ses mots, en grande partie monosyllabiques, lui permettent de serrer le sens dans le vers, et d'aiguiser davantage le tranchant de la satire. Ainsi cette langue convient également bien au genre qui exige le plus de poésie et à celui qui en exige le moins.

Ce poëme doit être plus correctement travaillé et les pensées les plus piquantes rendues dans les expressions les plus douces.

Quelques auteurs, dès qu'ils sont mordans, pensent réussir,

comme si leur seule affaire était de railler;

mais dévoiler délicatement la fragilité humaine,

distingue la satire de la réprimande.

Cachez la fureur, écartez le préjugé :

le sourire d'un satire est plus piquant que sa colère.

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