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et annonce l'importance, la grandeur

du sujet.

Quelquefois ce vers fait admirable- ́ ment ressortir un trait brillant une saillie inattendue on a déjà vu celui-ci : Dost sometimes counsel take | and sometimes tea. On verra avec plaisir les suivans:

To fifty chosen sylphs, | of special note,
We trust th'important charge, the petticoat.*

POPE, the rape of the lock.

Enfin, la dernière des quatre espèces de pauses, celle où elle tombe après la septième syllabe, rend la cadence plus grave et plus imposante encore. Ce vers est plus rare; on n'en rencontre point deux de suite; mais il a quelque chose d'alexandrin, d'héroïque qui termine bien une période :

And in the smooth description | murmur still. **

* A cinquante sylphes choisis d'un rang distingué, nous confions la charge importante, le jupon.

** Et dans la douce description ils murmurent encore.

Long lov'd ador'd ideas, | all adieu!*

No louder shrieks to pitying heav'n are cast
When husbands, or when lap dogs | breathe their last."

POPE, the rape of the lock.

Je doute que Pope même connût ces règles quand il composa les vers que je viens de citer; mais la délicatesse exquise de son oreille lui dicta ces beautés qu'un écrivain observateur a depuis réduites en préceptes.

LA LONGUEUR des vers est à peu près la même chez les anglais que chez les français, excepté que le vers de dix syllabes répond, chez eux, à celui de douze chez nous ; c'est celui qui est employé dans le poëme épique, la tragédie, la satire, l'épître.

Mais l'anglais est si ennemi des règles, que souvent, dans les tragédies, on rencontre des vers qu'il est impossible de

Idées long-tems aimées, adorées, adieu tout.

**De plus hauts cris ne frappent pas les cieux attendris, quand un mari ou un petit chien rend son dernier soupir.

*

scander; les uns n'ont que neuf syllabes, d'autres en ont treize ou quatorze.

Les anglais ont aussi des vers alexandrins ou de douze syllabes, dont l'hémistiche est au milieu; mais ils n'en font point un usage continu. Ils le placent quelquefois seul à la fin d'une tirade, pour lui donner plus de force et d'énergie:

Achilles' wrath, to Greece the direful spring
Of woes unnumber'd, heav'nly goddess, sing!
That wrath which hurl'd to Pluto's gloomy reign
The souls of mighty chiefs untimely slain;
Whose limbs unbury'd on the naked shore
Devouring dogs and hungry vultures tore,
Since great Achilles and Atrides strove :

Such was the sov'reign doom, Jand such the will of Jove.*

POPE, Iliad.

* La colère d'Achille, pour la Grèce terrible source
de maux innombrables, chante, céleste déesse,
cette colère qui précipita au sombre royaume de Pluton
tant de guerriers puissans, prématurément immolés,
dont les corps, privés de sépulture, sur le rivage nu,
furent déchirés par des chiens dévorans et des vautours
affamés,

depuis la fatale querelle d'Achille et d'Atride :

tel était le décret souverain, et telle la volonté de Jupiter.

Dryden en avait donné l'exemple à Pope; voici comme il avait traduit ce même début de l'Iliade:

The wrath of Peleus' son, o muse, resound; Whose dire effects the grecian army found; And many a hero, king and hardy knight, Were sent, in early youth, to shades of night; Their limbs a prey to dogs and vultures made, So was the sov'reign will of Jove obey'd.

From that ill-omen'd hour when strife begun, Betwixt Atrides' great | and Thetis' god-like son.*

DRYDEN, first book of the Iliad.

Enfin un troisième auteur, qui avait entrepris la traduction de l'Iliade et qui

La colère du fils de Pélée, répète, ô muse! dont l'armée grecque éprouva les terribles effets. Plusieurs héros, rois et braves chevaliers

furent, dans la première jeunesse, envoyés aux ombres de la nuit ;

leurs membres furent faits la proie des chiens et des

vautours:

ainsi le souverain décret de Jupiter fut obéi.

Depuis cette heure fatale où la querelle commença entre le puissant fils d'Atrée et le divin fils de Thétis.

l'abandonna quand il sut que Pope y travaillait, termine également cette tirade par un vers alexandrin :

Achilles' fatal wrath, whence discord rose
That brought the sons of Greece unnumber'd woes,
O goddess sing. Full many a hero's ghost
Was driv'n untimely to th'infernal coast;
While in promiscuous heaps their bodies lay
A feast for dogs and ev'ry bird of prey.
So did the Sire of gods and men fulfill
His stedfast purpose and almighty will :
What time the haughty chiefs their jars begun,
Atrides, king of men, and Peleus' god-like son.*

TICKELL, first book of the Iliad.

*La fatale colère d'Achille, d'où s'éleva la discorde, qui àmena sur les fils de la Grèce d'innombrables

malheurs,

chante, ô déesse! L'âme de plus d'un héros

fut jetée prématurément aux rivages infernaux;
tandis que leurs corps restèrent, en monceaux confus,
la pâture des chiens et de toutes les bêtes de proie.
Ainsi le père des dieux et des hommes accomplit
son dessein inébranlable et sa volonté toute-puissante
au moment où ces superbes chefs commencèrent leur
querelle,

Atride, roi des hommes, et le fils de Pélée, semblable aux dieux.

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