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This is certainly very ridiculous; there is however but too much truth in it. I could offer other details equally ridiculous, but will abstain, hoping that the reasonable part of my countrymen (whose presence, wherever they go, adds to the dignity of the name of Englishman) will not think me too severe. A residence of some years in different parts of France, frequent journeys. from the Channel to the Mediterranean, and from Strasbourg to Bordeaux, have enabled me to form an opinion; and I am happy to say that my opinion is a very favourable one, I have experienced the greatest civility from the French, and have formed friendships which, I am sure, life only will terminate. I have, on several occasions, had proofs of the honesty of the lower class. Once, in particular, induced by curiosity to enter a guinguette (1), after taking some refreshment, I went into the garden to observe the dancing, having carelessly left on a table my purse containing sixteen louis in a quarter of an hour the purse and its contents were brought to me in the garden (2). This is but one instance of several, which my carelessness, and French honesty, have given me an opportunity of observing.

The higher (3) classes are excessively polite, communicative and easy of access; their civility to foreigners makes them appear very amiable. There are, it is very true, many things which might be altered for the better; one custom particularly which prevails every where, I mean that of overcharging (4), or asking double what they intend to take for their goods. Shop-keepers and venders at stalls are equally infected with this habit; so that if you do not know the value of the article you would purchase, you run great risk of being taken in (5). It is true that the principal

(1) A guinguette is a French dancing and tea-garden, with the only difference, that brandy, wine coffee, beer, etc., replace tea.

(2) Fait historique arrivé à l'auteur.

(3) Higher, comparatif de high, adj, haut.

(4) To overcharge, v. a., surcharger, surfaire. Over, prép., devant un verbe, signifie ordinairement sur, au-dessus. Ex. To overpay, payer trop; to overdo, faire trop, surfaire.

(5) Taken in, participe de to take in, v. a., escroquer, mettre dedans, tromper. Ex. I bought a watch of a Jew, but I was taken in, j'achetai une montre d'un juif, mais je fus trompé. (Familier.)

Certainement, voilà des choses bien ridicules, et ce n'est cependant que trop la vérité. Il me serait facile de citer encore d'autres détails également ridicules, mais en voilà assez; et j'espère que la partie raisonnable de mes compatriotes, dont la présence, partout où ils vont, fait honneur au nom d'Anglais, ne me trouvera pas trop sévère. Un séjour de plusieurs années dans différentes parties de la France, de fréquents voyages de la Manche à la Méditerranée, de Strasbourg à Bordeaux, m'ont mis à même de me former une opinion qui, j'ose le dire, est très-favorable aux Français. J'ai reçu d'eux (1) les plus grandes politesses; j'ai formé des amitiés que ma vie seule terminera, et j'ai eu très-souvent des preuves de la probité des classes inférieures. Une fois surtout, que j'étais entré par curiosité dans une guinguette (2), après y avoir pris quelque rafraîchissement, je sortis pour aller voir la danse dans le jardin, et ayant laissé sur une table ma bourse avec seize louis, un quart d'heure après la bourse et l'argent me furent rapportés dans le jardin. C'est une des nombreuses preuves que m'ont offertes ma négligence et la probité française.

La haute classe est excessivement polie, communicative et d'un abord facile. Sa politesse pour les étrangers la rend très-aimable. Cependant il y a en France beaucoup de choses qui pourraient être mieux; l'habitude, par exemple, qu'ont les marchands de surfaire (3). Beaucoup de boutiquiers et d'étalagistes (marchands ambulants) ont le même défaut. Ainsi, quand on ne sait pas la valeur de ce qu'on veut acheter, on court grand risque d'être trompé. Il faut avouer que le plus grand inconvénient qui en résulte est la nécessité de parler beaucoup quand on veut acheter

(1) J'ai reçu deux. Employer en, au lieu de lui, elle, eux, elles, etc. pronoms de personnes, et dire : J'en ai reçu, pour j'ai reçu de lui, d'elle, d'eux, d'elles, etc., est d'un très-mauvais goût.

(2) Guinguette, cabaret champêtre, où l'on donnait à boire du petit vin, qu'on appelait du guinguet ou ginguet, propre à faire danser ou ginguer les chèvres.

(3) Surfaire est encore un de ces mots composés qui existent dans toutes les langues. Celui-ci est formé de la préposition sur et du verbe faire, et veut dire demander d'une chose plus que son prix réel. (To overrate, même formation: over et rate.)

inconvenience arising from it, is the necessity of talking (1) a great deal whenever you have a bargain (2) to make; this, however, is a very trifling inconvenience to the French. I have much more to say, dear uncle; but my paper is nearly filled, and I must wait another opportunity. Yours truly.

P. S. Are we to have the pleasure of seeing you at Paris this summer?

LETTER LII.

To ask advice, after having committed an imprudence.

My dear Thompson,

Monday, Oct. 1st, 1842.

I am just now in a dilemma (3) from which I know not how to extricate (4) myself with propriety; and, as usual, have recourse to you for advice. The facts are these. Being at our friend B-'s a few evenings since, I happened to fall into (5) conversation with a lady, and among other subjects the name of S- was mentioned. The lady made some severe remarks upon him, and I, more out of (6)

(1) Le verbe parler se rend en anglais de deux manières, to talk et to speak; le premier signifie causer, bavarder; on saura en faire la distinction.

(2) Bargain, marché, de to bargain, marchander. Nous dérivons ce mot du vieux mot français barguigner. Voici ce qu'en dit M. Noël dans son Dictionnaire étymologique :

« C'est proprement contester sur le prix. On dérive ce verbe de barcaniare. On lit dans les Capitulaires de Charles le Chauve : Femina barcaniare solent, les femmes aiment à marchander, etc. »

Nous ne saurions trop recommander l'ouvrage de M. Noël à ceux qui désirent apprendre la véritable force d'une immense quantité de mots dont la signification n'est pas assez connue.

(3) Dilemma (du grec), difficulté, trouble, embarras.

(4) To extricate, v. a. et réfl. (tiré du latin). Ex. Can you extricate me from this embarrassment? Pouvez-vous me tirer de cet embarras? No, I cannot even extricate myself, non, je ne puis m'en tirer moi-même.

(5) To fall into conversation, mot à mot, tomber en conversation. (Familier.) (6) Out of, par. Ex. I did it out of charity, je le fis par charité. On peut se servir aussi de through, ou de for the sake of, à cause de.

quelque chose (1); mais c'est un bien petit désagrément pour les Français. J'aurais encore bien des choses à vous dire, mais l'espace me manque. Ainsi, mon cher oncle, il faut (2) attendre une autre occasion.

Tout à vous sincèrement.

P. S. Aurons-nous le plaisir de vous voir cet été à Paris?

LETTER LII.

Pour demander conseil, après avoir fait une imprudence.

Mon cher Thompson,

Lundi, 1er octobre 1842.

Je me trouve dans ce moment dans un embarras (3) d'où je ne sais comment me tirer convenablement, et je m'adresse à vous, comme de coutume, pour avoir vos avis. Voici le fait. Étant en société chez notre ami B***, il y a quelques jours, je me trouvais (4) à côté d'une dame avec qui j'entrai (5) en conversation, et entre autres choses nous parlâmes de S***. La dame fit sur lui quelques remarques assez sévères que, par complaisance plutôt que pour le

(1) Quand on veut acheter quelque chose. Beaucoup de vieux mots français ont été pris par les Anglais, et nous avons cessé d'en faire usage. Accointer (du latin ad comitare), accointance, accointable. (To acquaint, acquaintance) faire connaissance, fréquenter. Le verbe désappointer signifiait autrefois rayer du contrôle des militaires en activité, de là tromper l'espoir; en anglais, to disappoint, to be disappointed (être désappointé), etc. Autrefois on disait (pour acheter quelque chose, conclure un marche) barguigner; les Anglais en ont fait to bargain, et maintenant barguigner ne signifie plus que marchander, hésiter.

(2) En apprenant soit le français, soit l'anglais, on doit bien étudier le verbe falloir et son verbe correspondant must.

(3) Embarras, en anglais embarrassment. On peut dire aussi dilemma, qui vient du grec. Les Français disent bien dilemme (pron. dilème); mais il ne s'emploie guère que poétiquement, ou comme terme didactique; en logique il veut dire : argument qui contient deux propositions contraires, dont chacune peut convaincre l'adversaire.

(4) Je me trouvais, etc., imparf. qui exprime I was sitting, j'étais assis.

(5) J'entrai, etc., prét. déf. du verbe entrer, I entered, mot à mot; mais ici on le rend par I fell into, etc.

complaisance to her, than from any wish to calumniate him, acquiesced, and perhaps made an observation or two. Now whether the lady, for the sake of a little mischief, has told him, or whether some meddling fool overheard (1) and reported the conversation, I know not; but it has come to his ears, and this morning I received a lawyer's letter with notice of action for slander unless I make a public apology. What am I to do? I never can submit to the humiliation of a public apology; I wish he had sent me a challenge. I would prefer receiving his fire to making an apology; but he won't fight (2), I know it is impossible to bring him to that. Devil take the law! I would rather face a dozen pistols than a judge and jury. Now do give me some advice; tell me how I can extricate myself honourably, and I promise you never more to have need of advice on a similar occasion; but upon my life I meant (3) no harm.

1

Would it be too much to ask you to call on (4) him, but not directly from me. You could drop in (5), as if by accident, and perhaps he would mention the circumstance to you if not, you could contrive (6) to bring up (7) my name in the course of conversation. By that means you will perhaps be able to soften the affair and spare me a humiliation. You may say that you are certain I had no intention to

(1) Overheard, prét. de to overhear, composé du verbe to hear, entendre, et de la préposition over, sur; entr'ouïr, entendre lorsqu'on ne s'en doute pas. Ex. They whispered, but I overheard what they said, ils parlaient bas, mais j'entendis ce qu'ils disaient.

(2) Won't pour would not, et souvent à tort pour will not. Le verbe to fight, se battre, n'est pas réfléchi en anglais.

(3) Meant (pron. mennt), prét. de to mean (pron. mine), signifier, vouloir dire, entendre. Ex. I mean well, mes intentions sont bonnes.

(4) To call on, passer chez. Le verbe to call, appeler, est un de ceux dont la signification change selon la préposition ou la particule qui les suit. Ex. I called on him at eight o'clock, and was obliged to call him up, je fus chez lui à huit heures, et il a fallu l'éveiller.

(5) To drop, tomber, laisser tomber; to drop in, entrer chez quelqu'un, faire une courte visite.

(6) To contrive, trouver un moyen; ce mot est évidemment de la même origine que le mot français controuver.

(7) To bring up, introduire. To bring, apporter, est encore un des verbes qui changent souvent de signification selon la préposition. Voyez-en la liste dans ma Grammaire pratique.

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