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LETTRE LVI.

A son père, de la part d'un jeune homme mécontent de la place qu'il a.

Mon cher père,

Le 7 octobre 1842.

La crainte de vous offenser, et l'espoir où j'étais que les choses iraient mieux, m'ont empêché jusqu'à présent de vous écrire au sujet de la place que j'ai chez M. B***. Voilà deux ans que j'y suis, et, c'est à regret que je l'avoue, cela m'a très-peu servi; il est vrai que je m'y trouve très-bien sous le rapport de la nourriture; mais je suis convaincu que je n'apprendrai jamais mon état assez bien pour en (1) gagner ma vie. Il arrive (2) très-souvent que M. B*** est à la campagne pendant une quinzaine de jours, laissant ses affaires sous la direction de son fils, qui n'en sait pas beaucoup plus que moi.

Je crois donc, mon cher père, qu'il est fâcheux de perdre ainsi mon temps, et je vous serais obligé si vous aviez la bonté de parler à M. B*** à ce sujet. Je ne doute pas qu'il ne soit possible de trouver une place plus avantageuse sous plus d'un rapport; mais je ne voudrais pas que cela pût (3) offenser mon patron. Je m'abandonne entièrement à votre expérience et à votre décision, étant convaincu que tout ce que vous ferez sera pour mon bonheur. J'aurai le plaisir de

pons de la tempête; ils étaient sur le point de périr, ils ne pouvaient pas échapper à la tempête, mais ils pouvaient échapper de la tempête. (Télémaque, livre Ier.)

(1) En. Pour en gagner ma vie. Cet en veut dire : au moyen de... comme cela... de cette manière... par ou avec mon état; en anglais with it, by it.

(2) Remarquez-bien que le verbe arriver, en parlant des événements, se dit to happen; dans l'autre acception il se traduit par to arrive.

(3) Que cela pat offenser mon patron: pút est ici à l'imparfait du subjonctif, exigé par le conditionnel je ne voudrais pas. La négation n'est pas ici la cause de cette inflexion; le verbe vouloir, peu importe le mode ou le temps dans lequel on l'emploie, veut toujours que le verbe qui suit son que conjonctif soit au subjonctif de son temps.

good. I shall have the pleasure of seeing you on Sunday, when we can talk the subject over (1); but I thought it best (2) to mention it beforehand, that you might have an opportunity of giving it a little consideration. Adieu, dear father, till Sunday. Your dutiful son.

JAMES H.

LETTER LVII.

From a young lady in the country, to her mamma in town.

My dear mamma,

Grantham, June 21st, 1842.

You will, I hope, pardon my not having written sooner, as I have been waiting the departure of Mr. B-, who is here on a visit, and who undertakes to deliver you this letter. I have the pleasure to inform you that we are all in high spirits (3), and are going, next Monday, to spend a few days at Belvoir, the delightful seat (4) of the duke of Rutland, His Grace having sent a pressing invitation. I assure you I anticipate much pleasure, as it is one of the finest seats in England, and the duke is celebrated for old English hospitality. This visit will perhaps prevent my return to town as soon as I intended, because I understand we are to (5) stay a fortnight at the castle.

(1) To talk, parler, causer; to talk over, discuter.

(2) To think it best to, croire ou juger qu'il est préférable de... Ex. I think it would be best to write to him, je crois qu'il serait mieux de lui écrire.

(3) High spirits, mot à mot, hauts esprits; to be in high spirits, être joyeux, gai; mais to have a high spirit signifie être fier, avoir l'âme haute. Ainsi dans le sens de gai, joyeux, animé, on se sert du verbe étre avec le substantif au pluriel, tandis que dans le sens de hautain, fier, il faut employer le verbe avoir avec spirit au singulier.. Ex. He is in high spirits; he has a high spirit.

(4) Seat, s., au propre signifie siége; on dit au figuré seat pour maison de campagne.

(5) We are to, pour we shall, ou it is expected ou agreed, on attend que... il est convenu que... Ex. You are to dine with my brother to-morrow, mon frère vous attend à dîner demain.

vous voir dimanche, et alors nous en parlerons; mais j'ai cru bien faire en vous l'annonçant d'avance, afin que vous pussiez y réfléchir. Adieu, mon cher père, jusqu'à (1) dimanche.

Votre respectueux fils.
JACQUES H.

LETTRE LVII.

D'une demoiselle à la campagne, à sa mère qui est à la ville.

Ma chère maman,

Grantham, le 21 juin 1842.

Vous me pardonnerez, j'espère, de ne pas avoir écrit plus tôt; mais j'attendais le départ de M. C***, qui est ici en visite, et qui se charge de vous remettre cette lettre. J'ai le plaisir de vous annoncer que nous sommes tous bien gais, et que nous allons (2) lundi prochain passer quelques jours à Belvoir, charmant château du duc de Rutland, Sa Grâce nous ayant envoyé (3) une pressante invitation. Je vous assure que je m'y promets beaucoup de plaisir, car c'est un des plus beaux châteaux (4) de toute notre île, et le duc est renommé pour son hospitalité de la vieille Angleterre. Cette visite m'empêchera peut-être de retourner à la ville aussitôt que je le pensais, parce qu'on dit que nous devons rester quinze jours au château (5).

(1) Quand jusqu'à précède un mot qui indique un temps, on le rend en anglais par till; mais s'il se rapporte à un endroit, il faut traduire par as far as ou par to. Ex. Wait till to-morrow, attendez jusqu'à demain : allez jusqu'à la Madeleine, go to ou as far as the Madeleine.

(2) Et que nous allons, pour nous irons; dans le style familier ces sortes de phrases se mettent toujours au présent.

(3) Nous ayant envoyé : nous n'est ici que régime indirect (ayant envoyé à nous), et n'a aucune influence sur le participe; le régime direct (invitation) est bien au féminin, mais il ne rend pas le participe déclinable, parce qu'il est après.

(4) Un des plus beaux châteaux (one of the finest seats). L'orthographe de cette phrase peut paraître difficile, surtout aux étrangers, un et des formant un contraste problématique, mais il faut se persuader que un des présente l'idée de un château dans le nombre de plusieurs (one in the number of several): alors l'adjectif s'accorde avec son substantif.

(5) Château, pour maison de campagne, se dit en anglais country-seat. Le mot anglais castle signifie château fort, citadelle.

If however, my dear mamma, you wish me to return sooner, I will endeavour to excuse myself from going; for I assure you that I would not, on any consideration, displease you. You have therefore only to let me know your wishes. Mrs. D-requests you will have the goodness to send her Walter Scott's new work, as soon as it is out (1), and also a few juvenile books for presents; she leaves the choice to you, but would like one or two copies of Edgeworth's Moral tales, the whole neatly bound. Adieu, dear mamma; Mrs. D— and family present their love, and hope you will permit me to accompany them on their visit to Belvoir. If I don't hear from you, I shall presume that you have no objection to my visiting Belvoir castle.

Your dutiful and affectionate daughter.

JULIA.

LETTER LVIII.

Invitation to pass a winter at Paris.

My dear Sir,

Paris, Sept. 1st, 1842.

As I know you intend (2) to pass the winter in Paris, I am happy to have an opportunity of offering you agreeable winter quarters. I am going, with my family, to winter (3) in the south of France, and therefore have the pleasure of offering you my hotel during my absence. You will find every thing very convenient, and quite at your service, including (4) two of my servants, who will remain at Paris.

(1) Out, sous-entendu of the press.

(2) To intend, v. a. et n, avoir intention, dessein. Ex. I intend to go to London: I'I pronom se prononce aï, et l'i dans intend a le son de l'i français.

(3) To winter, v. n., passer l'hiver, hiverner (terme de guerre); on l'emploie quelquefois dans le style familier. Notez que nous avons saisi l'occasion d'employer le mot winter dans ses trois qualités de substantif, d'adjectif et de verbe.

(4) Including, de to include, comprendre, contenir.

Malgré tout cela, ma chère maman, si vous voulez que je revienne plus tôt, je tâcherai de m'exempter d'y aller, car je vous assure que je ne voudrais pas vous fâcher pour toutes choses au monde. Ainsi vous n'avez qu'à me faire connaître vos désirs. Mme D*** vous prie de lui envoyer le dernier ouvrage de Walter Scott aussitôt qu'il paraîtra, ainsi que quelques livres d'enfants pour en faire des cadeaux. Elle vous en laisse le choix, mais elle aimerait à y trouver un ou deux exemplaires des Contes moraux de miss Edgeworth, le tout bien relié. Adieu, ma chère maman; Mme D*** et sa famille vous présentent leurs amitiés, et espèrent que vous me permettrez d'aller avec elles à Belvoir. Si vous ne m'écrivez pas, je croirai que vous n'avez pas d'objection à faire contre ma visite au château de Belvoir. Votre tendre et soumise fille.

JULIE.

LETTRE LVIII.

Invitation pour passer l'hiver à Paris.

Mon cher Monsieur,

Paris, 1er septembre 1842.

Sachant (1) que vous vous proposez de venir cet hiver ici, je suis charmé d'avoir l'occasion de vous offrir de bons quartiers d'hiver. Je vais avec ma famille passer l'hiver dans le midi de la France, et par conséquent j'ai le plaisir de mettre mon hôtel à votre disposition durant mon absence. Vous y trouverez tout ce qu'il vous faut, et deux de mes domestiques qui resteront à Paris.

(1) Sachant. Le verbe savoir fait ainsi son participe présent, tandis que tous les autres verbes de la 3e conjugaison (terminés en oir) qui ont un v à l'infinitif, le conservent. L'impératif fait sache, qu'il ou qu'elle sache, sachons, sachez, qu'ils ou qu'elles sachent. Le subjonctif présent fait : Que je sache, que tu SACHES, qu'il ou qu'elle sache; que nous SACHIONS, que vous sachiez, qu'ils ou qu'elles sachent. Le participe passé fait su (autrefois sçu, ainsi que tous les autres temps, d'après l'infinitif qui s'écrivait sçavoir).

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