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Mercredi matin.

M. S*** fait ses compliments à madame F***, et la prie d'avoir l'obligeance de lui envoyer l'adresse de son maître de musique, parce qu'il désire prendre quelques leçons cet été.

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I am very glad, Madam, I did not hear of your daughter's illness till I heard of her recovery. I should have shared your fears, as I now share your joy, and as I shall for ever share your concerns. I apprehend your blood, and the pains you have taken, must have produced a daughter worthy of your tenderest (1) solicitude.

On this occasion she must have experienced it in its full extent and delicacy, and it must have endeared (2) you to each other, by the danger of a separation, which perhaps you had neither of you considered in its utmost rigor. We never thoroughly know the value of a blessing till we are on the point of losing it. May you, Madam, long enjoy' so

(1) Tenderest, superlatif de tender (tender, tendre; tenderer, plus tendre; tenderest, le plus tendre). Pour former le comparatif, on ajoute er, our au positif terminé en e; le superlatif se forme en ajoutant est ou st; cette règle s'applique aux monosyllabes et aux dissyllabes terminés en y, en some et en le. Ex. Long, longer, longest; pretty, prettier, prettiest; able, abler, ablest. Observez que l'y se change en i, et qu'on fait précéder le superlatif par l'article the. Si l'adjectif finit par une consonne précédée d'une seule voyelle, on double la consonne devant er et est. Ex. Flat, plat; flatter, plus plat; flattest, le plus plat. Big, gros; bigger, plus gros; biggest, le plus gros.

(2) To endear, rendre cher.

D'AUTEURS ANGLAIS.

LETTRE I.

Milord Chesterfield à madame ***.

Londres, ce 28 septembre 1749.

Je suis bien aise, madame, de n'avoir appris la maladie de mademoiselle (1) votre fille qu'en même temps que sa convalescence. J'aurais pris part à vos àlarmes comme j'en prends actuellement à votre joie, et comme j'en prendrai éternellement à tout ce qui vous touche. Je conçois bien que votre sang et vos soins doivent avoir formé unc fille digne de votre plus tendre sollicitude (2).

Cette occasion lui en aura fait sentir toute l'étendue et la délicatesse, et vous serez réciproquement plus chères l'une à l'autre par le danger d'une séparation dont peut-être ni l'une ni l'autre de vous n'avait encore senti toute la rigueur. Nous ne connaissons jamais le prix d'une faveur que lorsque nous sommes sur le point d'en être privés. Puissiez

(1) En traduisant du français en anglais, il faut supprimer les mots madame, monsieur, mademoiselle, devant les noms qualificatifs des personnes, et devant les titres.

(2) Sollicitude. En français ce mot s'écrit avec deux l, et en anglais avec une seule (solicitude). Il y en a d'autres où la lettre doublée dans l'anglais est simple dans le français. Ex.: en anglais marriage (pron. ma-ridge), mariage en français; address, en anglais, dans toutes ses acceptions, presque toutes les mêmes qu'en français (pron. AD-Dress), et en français adresse.

dear a one (1) as this you have just recovered! Nor does the preservation of her beauty go for nothing with me. Whatever your philosophers may say to the disparagement of beauty, I will maintain that it is a real advantage, as it adorns and recommends the most judicious mind, and the most solid merit. I may appeal to you, for you must know whether I am right or not.

I know not by what fatality things do not go on so well as I should have expected between B- and your people. I think him an amiable and polite man; he loves pleasure and indulgence, and that is the taste at Paris; and yet things don't go on smoothly. Our ambassador has one advantage over yours; he has found you at Paris and I'll engage (2) Mr. de Mirepoix will not find you at London.

Your boy will be at Rome in two months, so you may write to the duke of Nivernois as soon as you have nothing better to do; but be so good as to tell him, he must expect to see a young man, who has neither carriage (3), nor manners, but is still covered with English rust, thickened (4) by that of Leipsic. He has applied himself so closely to his studies, that he has not allowed himself time, if he had opportunity, to contract the air and manners of a man of fashion (5). I hope the air of the hotel (6) de Nivernois will be favourable to him (7).

(1) A one pour a blessing, qui est l'antécédent de ce pronom ou explétif. L'article a se met devant le mot one, quoiqu'il commence par une voyelle; la raison en est que le mot one se prononce comme si devant l'o il y avait un w (dont la valeur est ou en français), ce qui fait ou-one.

(2) I'll engage, pour I will engage, j'engagerai; dans le style familier et après un pronom, les Anglais abrégent souvent l'auxiliaire will en 'll. Ex. I'll do it tomorrow, je le ferai demain.

(3) Carriage, en parlant des personnes, signifie port, aplomb. (4) To thicken, v. a. et n., épaissir, devenir épais.

(5) Man of fashion ou fashionable, ne se dit pas (comme quelquefois en français) en mauvaise part; on entend par ces mots le beau monde, bon ton.

(6) Hotel. Les Anglais n'emploient pas ce mot en parlant d'une maison occupée par une seule famille; ils se servent du mot house, ou, pour un grand hôtel, mansion.

(7) Cette lettre et les suivantes sous le même nom sont du célèbre lord Chesterfield, un des ministres de Georges II, et dont le style épistolaire a été si vanté.

vous (1) longtemps, madame, jouir d'un bien si cher que celui que vous venez de sauver! Je ne compte pas non plus pour rien la conservation de sa beauté : en vain les philosophes crient contre la beauté; je soutiens qu'elle est un avantage réel, puisqu'elle orne et qu'elle relève encore l'esprit le plus juste et le mérite le plus solide. Je m'en rapporte à vous; vous devez savoir si j'ai raison ou non.

Je ne sais (2) par quelle fatalité les choses ne vont pas si bien que je l'aurais cru entre B*** et les vôtres. Je le crois très-aimable et très-poli; il aime les plaisirs, c'est aussi le goût à Paris, et cependant cela ne va pas bien. Notre ambassadeur a un avantage sur le vôtre; il vous a trouvée à Paris, et je gagerais que M. de Mirepoix ne vous trouvera pas à Londres.

Votre fils sera à Rome dans deux mois; ainsi vous pourrez écrire à M. de Nivernois, aussitôt que (3) vous n'aurez rien de mieux à faire; mais ayez la bonté de lui dire qu'il doit s'attendre à voir un jeune homme qui n'a non-seulement ni tournure ni (4) manières, mais qui est encore couvert de la rouille anglaise, considérablement augmentée par celle de Leipsick. Il s'est si fortement appliqué à ses études, qu'il ne s'est pas donné le temps (quand même (5) il en aurait eu les occasions) de prendre l'air et les manières d'un homme de bon ton. J'espère que l'air (6) de l'hôtel de Nivernois lui sera favorable.

(4) Puissiez-vous...! (may you...). Locution qui exprime un vou, un désir, un souhait favorable ou nuisible. Plût à Dieu que... a le même sens. On rend encore en anglais la même idée par would to God! C'est l'utinam des Latins; c'est l'oxala des Espagnols.

(2) Je ne sais se dit souvent pour je ne sais pas, et c'est souvent par euphonie, comme ici, où il faudrait dire : Je ne sais PAS PAR... Il vaut mieux dire : j'ignore par, etc.

(3) On verra dans la partie anglaise que le présent du verbe est employé après as soon as, aussitôt que; les Anglais se servent aussi du présent au lieu du futur après l'adverbe when, quand.

(4) Quand la particule conjonctive ni se trouve répétée dans une phrase, on rend la première par neither, et les répétitions par nor.

(5) Les locutions adverbiales quand même, lors même, etc., sont très-usitées en français, et répondent aux expressions anglaises even if, even though, though, if. Ex. Quand même il me l'aurait dit, even if he had told it me; lors même que je lui eusse parlé, even though I had spoken to him, etc.

(6) Le substantif air est employé en anglais comme en français dans les mêmes acceptions de tournure, apparence, manières et atmosphère.

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