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LETTER II.

Lord Chesterfield to S. Dayrolles, Esq.

My dear chevalier,

London, Dec. 3rd, 1734.

I have this moment received your letter; and captain B- has sent me word, that in two or three days I shall receive the remaining two dozen of shirts (1). I am very well pleased with those I have already, and am much obliged to you for the trouble you have taken about them; though to say the truth, considering the goodness and cheapness of the holland, I believe I am chiefly obliged to Mrs. D and I beg you will give my compliments and thanks to her.

You say matrimony is an epidemical distemper at the Hague. Take care of yourself, my friend, and don't do a foolish thing. You are welcome (2) to love (3) the fair lady you mention, as much as you please (4); but beware how you marry. You may trifle a little, but let it go no further (5). A man of sense may love a pretty woman, but he is a simpleton who marries her, merely because she is pretty. Do not however make any immoral construction my letter; nothing is further from my idea; and when

of

(1) Shirt, s., chemise d'homme; shift, chemise de femme. Il faut bien se garder de prononcer ce mot en présence des dames anglaises. Holland est pour toile de Hollande.

(2) To be welcome, être le bienvenu; to be welcome to do a thing, avoir la permission de faire une chose.

(3) To love, chérir. Nous avons aussi le verbe to like, aimer, qui se dit des personnes et des choses qui nous plaisent. Ex. I like reading, j'aime la lecture. I like the French, j'aime les Français.

(4) Il faut remarquer que cette proposition adverbiale se rapporte au verbe to love et non au verbe to mention. Il y a souvent danger d'amphibologie en mettant l'adverbe, ou une phrase adverbiale, trop loin du verbe auquel ils se rapportent.

(5) Further ou farther, plus loin; comparatif de far; le vrai positif est forth, en

avant.

LETTRE II.

Milord Chesterfield à S. Dayrolles, Esq.

Londres, 3 décembre 1734.

Mon cher chevalier,

Je reçois dans ce moment votre lettre, et le capitaine B*** m'a fait dire que dans deux ou trois jours je recevrais les deux autres douzaines (1) de chemises. Je suis très-content de celles que j'ai déjà, et je vous suis très-obligé de la peine que vous avez prise à ce sujet, quoique, à dire la vérité, vu la bonté de la toile et le bon marché, je crois en être redevable aux soins de madame D***, à qui vous voudrez bien faire mes compliments et mes remercîments.

Vous dites que le mariage est une maladie épidémique à la Haye; prenez donc bien garde, mon ami, et ne faites point de sottises. Aimez (2) tant qu'il vous plaira la belle dame dont vous me parlez; mais prenez bien garde avant de vous marier. Badinez, si cela vous plaît, mais restez-en là. Un honnête homme peut aimer une jolie femme, mais il n'y a qu'un nigaud qui l'épouse uniquement parce qu'elle est jolie. Ne cherchez pas, je vous en prie, dans ma lettre un sens immoral; rien n'est plus loin de mes pensées. Bien que je me serve du mot badiner, je n'entends (3) pas

(1) Les deux autres douzaines, et non les autres deux douzaines, comme disent presque tous les étrangers et comme l'on dit même dans quelques provinces de France.

(2) Comparez cet impératif avec l'expression anglaise you are welcome to love, et.

(5) Entendre, dans le sens de vouloir dire, se rend en anglais par to mean. Ex. Qu'entendez-vous par cela? What do you mean by that?

I say "trifle a little," I mean those little attentions that we owe to the fair sex, and that we should always endeavour to render with honourable delicacy. Adieu, my dear chevalier (1); I am, upon my honour, very sincerely, yours, etc. P. S. My compliments to your uncle.

LETTER III.

Lord Chesterfield to Madam ***.

I am heartily glad, Madam (2), you are so well pleased with our child, as you condescend to call him; for my part I am very well satisfied, as long as you tell me the materials are good Paris, under your auspices and your direction, will do the rest. I will not tell you what he says of you; your panegyric is not quite so well drawn up as Pliny's (3), but it seems to flow from the heart.

He has a deep sense of your favours, and I see he knows the value of them; for he earnestly recommends it to me, to beg that you will be kind enough to tell him freely of his smallest failings. You ask me whether I intend to trust him to his own discretion at Paris? I answer, I do (4), for his governor, who is a man I can rely on (5), assures me (6) there is not the least danger, as he seems to have no vicious inclinations. Where that is the case, I think it is best for a young man to be early accustomed to shift for himself (7).

(1) Chevalier. Ce mot n'est pas anglais, et ne s'emploie que rarement dans notre langue.

(2) That, sous-entendu, et on se sert du présent de l'indicatif au lieu du subjonctif.

(3) Panegyric, sous-entendu.

(4) I do, certainement, oui, j'ai cette intention.

(5) To rely, compter, se fier, demande la préposition on ou upon.

(6) That est sous entendu.

(7) To shift for one's self, pourvoir à sa sûreté. To shift signifie aussi changer de place, d'habitation, d'habit. Ex. I shall shift my lodgings, je changerai de logement, je déménagerai.

autre chose que de rendre honnêtement et avec délicatesse au beau sexe les hommages qui lui sont dus. Adieu, mon cher chevalier; je suis, sur mon honneur, très-sincèrement, votre, etc.

P. S. Mes compliments à votre oncle (1).

LETTRE III.

Lord Chesterfield à madame ***.

Je suis charmé, madame, que vous soyez (2) si contente de notre enfant, comme vous voulez bien l'appeler; pour moi, je suis content dès que vous croyez que l'étoffe est bonne. Sous vos auspices, Paris et vos soins feront le reste. Je ne vous rapporterai pas ce qu'il me dit de vous; votre panégyrique n'est pas tout à fait si bien tourné que celui de Pline; mais il me semble qu'il part du cœur.

Il est profondément sensible à vos bontés, et je vois qu'il en connaît tout le prix, car il me recommande incessamment de vous supplier de vouloir bien lui dire franchement ses moindres défauts. Vous me demandez si je compte le laisser à lui-même dans Paris; je vous réponds que oui (3), car son gouverneur, auquel je puis me fier, m'assure qu'il n'y a pas le moindre danger, parce qu'il paraît ne pas avoir de passions vicieuses. Dans ce cas, je crois qu'il est bon qu'un jeune homme s'accoutume de bonne heure à compter sur

(1) Mes compliments à VOTRE ONCLE. On peut dire en français avec plus de politesse Mes compliments à MONSIEUR votre oncle, à MADAME votre mère, à MADEMOISELLE votre fille, à MESSIEURS vos fils, à MESSIEURS vos neveux, etc. Cette locution n'est nullement admissible en anglais; on dit en cette langue : My best compliments to your father (mes compliments à votre père).

Dans ces phrases ou autres semblables, on ne saurait où placer en anglais les mots: mister... (monsieur...), mistress... ou lady (madame...). Voyez page 195,

note 1.

(2) Je suis charmé QUE exige le subjonctif: donc il fallait mettre vous soyez, tandis qu'en anglais on peut dire, I am heartily glad you are.

(3) Je vous réponds que oui. La lettre e qui précède le mot oui ne s'élide pas. On dit: Le oui et le non. De même la consonne qui est devant ce mot ne se prononce pas; on dit: Un oui, il a dit oui, sans faire entendre n out.

Besides I have never found that a governor facilitated his pupil's admission into good company, but (1) have oft en observed that he was a hinderance to it. A young man is tolerated in many companies, where he would not be suffered to appear, if he were always attended by a grave and morose governor. Besides I have so many spies (2) over him at Paris, that I cannot possibly be ignorant of his conduct for a fortnight together, and he knows very well the moment I hear of his going astray (3), I shall send for (4) him home.

LETTER IV.

Lord Chesterfield to Madame de Tencin.

At last, Madam, here is your future pupil, whom I have the honour to present to you. I do not very well know what sort of a present I make you. I only know that whatever he may be now, you have it in your power to make him what he ought (5) to be in future. Some examples there are (6), which are more instructive than all precepts in the world. As you have no boys of your own (7), I intreat you to adopt mine, at least for a while.

(1) I est sous-entendu. Le pronom une fois énoncé, on le supprime souvent devant les autres verbes de la même phrase.

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(2) Spies, espions: les Anglais donnent ce nom aux mouchards. Les verbes qui s'y rapportent sont to spy, épier, et to watch, guetter.

(3) To go astray, errer, s'égarer, fréquenter la mauvaise compagnie. Ex, Bad company leads many young men astray.

(4) To send, envoyer: to send for, envoyer chercher.

Ex. If you cannot send it, I will send for it, si vous ne pouvez pas l'envoyer, je l'enverrai chercher.

(5) Ought, prétérit de to owe, v. a., devoir. Le gh ne se prononce pas. (6) L'élève fera bien de remarquer l'inversion au commencement de cette phrase.

(7) Own; ce mot ajouté aux pronoms possessifs signifie propre, personnel. Ex. My own house, ma propre maison. Mais comme verbe il a une autre signification. To own, v. a., avouer, confesser, s'attribuer. Ex. He owns his fault, il avoue sa faute; he owns that house, il s'approprie cette maison, ou cette maison est à lui. Le mot owner, propriétaire, vient de ce verbe.

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