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je ne crois pas que cela arrivera (1); mais je vous prie de venir m'en féliciter.

Nous sommes à notre campagne à Enfield, où nous comptons passer la lune de miel (2). Mon cher mari sera bien aise de vous voir; il sait combien je vous suis attachée, et il aime tous ceux que j'affectionne (3). Apportez un peu de votre musique, et venez surtout avec votre charmante voix; vous savez qu'elle est toujours en possession de m'enchanter. Ne cherchez pas à vous excuser, je ne saurais le souffrir; et si vous ne veniez pas, je dirais que vous êtes une envieuse, et que vous ne pourriez être témoin de ma félicité; mais vous viendrez : oui, je suis persuadée que mon Élisa obligera à ce point

Son affectionnée, E. C.

P. S. Ayez la bonté d'envoyer votre domestique chercher l'accordeur, pour venir immédiatement accorder le piano. Qu'il ne manque pas d'apporter des cordes de harpe avec lui. Je ne dois pas oublier de vous dire que nous avons le projet de donner, dans le courant de la semaine prochaine, une soirée dansante; vous viendrez, je n'en doute pas, en augmenter l'éclat.

de, qu'on supprime souvent; car on ne devrait pas dire en face la Bourse, puisqu'il faut dire en face de lui, en face de nous; mais ce tyran d'usage a forcé les puristes à dire l'ambassadeur près la Porte Ottomane, au lieu de près de la Porte Ottomane. Cependant toutes les prépositions et tous les adverbes qui se forment de l'article composé au pour à le, comme auprès, au-dessus, au-dessous, au dedans, au dehors, au travers, au bout, au-devant, etc., écrits en un seul mot ou en deux, sont indispensablement suivis de la préposition de, parce que la décomposition de ces mots offre à le près, à le dessus, à le proche (car on disait autrefois au proche), et l'on sent que cet article le, mis à découvert par cette décomposition, exige comme complément la préposition de. C'est ainsi que l'on dit : à travers champs, et au travers des champs.

(1) Ici le verbe arriver est au futur. On aurait pu dire : que cela arrive, au présent du subjonctif.

(2) Lune de miel, honey-moon; les Anglais appellent ainsi le premier mois du mariage.

(3) Affectionner, v. a., charmante expression en français qui ne peut guère se rendre en anglais que par to be fond of.

My dear Emily,

LETTER VII.

Reply.

London, May 3rd, 1842.

Though I had some reason to think (1) you were approaching the indissoluble (2) bond (3), yet I did not imagine it was so very near. I anticipated the pleasure I should experience in the agreeable task of assisting you in your preparations; but you have disappointed me. I forgive you, my dear, and heartily rejoice in your happiness. May your felicity be long and uninterrupted!

You advise me to marry as soon as possible; be assured I will not delay, when I have found (4) an object worthy of my love and esteem; but I dread nothing so much as taking such an important step without mature consideration; however you may perhaps hear of it sooner than you imagine.

I thank you, my dear, for your very kind invitation, and will avail (5) myself of it; you may therefore expect (6)

(1) That, conj. sous-ent. qui se supprime généralement dans la conversation et le style épistolaire, mais rarement ailleurs. Ex. I told him you would come, je lui dis que vous viendriez, ou I told him that you would come.

(2) In, privatif; il y a en anglais une infinité de privatifs, tels que in, un, im, il. Ex. incomplete, ungrateful, improbable, illicit.

(3) Bond, liaison, engagement : du verbe to bind, lier.

(1) When I have found, mot à mot: quand j'ai trouvé. On a l'usage de se servir du présent de l'indicatif au lieu du futur après when, as soon as, after, before. Ex. When I am king, quand je suis roi. (SHAK., Richard III., act 3.) When Homer and Virgil are forgotten, quand Homère et Virgile sont oubliés. (BYRON, English Bards.) (5) To avail, v. n., profiter, servir. On peut aussi dire to profit; mais ce verbe n'est pas réfléchi, et on ne peut dire en anglais : I profit myself, ni en français : je me profite.

(6) Il faut faire la distinction entre le verbe to wait, attendre, et le verbe to expect, qui signifie s'attendre à. Voyez mon Manuel classique de Conversation, 2e partie.

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LETTRE VII.

1

Réponse.

Londres, le 3 mai 1842.

Ma chère Émilie,

Quoique j'eusse quelques raisons de croire que vous n'étiez pas loin de former l'indissoluble nœud, je ne m'imaginais (1) pas cependant que ce fût sitôt. Je jouissais d'avance du plaisir de vous aider dans vos préparatifs (2), mais vous m'avez trompée. Je vous pardonne, ma chère, et me réjouis sincèrement de votre bonheur; je désire que vous jouissiez d'une félicité longue et continuelle.

Vous me conseillez de me marier le plus tôt possible; soyez assurée que je n'y manquerai pas, lorsque j'aurai trouvé un homme digne de mon amitié et de mon estime; car je ne crains rien tant que de faire un tel pas sans y avoir bien réfléchi; cependant il n'est pas impossible que cela arrive plus tôt (3) que vous ne (4) pensez.

Je vous remercie, ma chère, de (5) votre obligeante invitation, et je ne manquerai pas d'y répondre; ainsi, vous

(1) Imaginer, v. a., veut dire inventer, découvrir; on dit: J'imagine un moyen. S'imaginer, v. n., veut dire se figurer quelque chose, se faire une idée; on dit: Je m'imaginais bien que vous ne m'aimiez pas.

(2) Préparatifs, s. m., différent de préparations, qui emporte l'idée d'une opération de l'esprit; on dit : La vie d'un chrétien ne doit être qu'une préparation à la mort; je fais mes préparatifs de départ.

(3) Ne confondez pas plus tôt, adv. de temps et de lieu, avec plutôt en un seul mot, avec retranchement de l's, marque de préférence.

(4) Le mot ne est souvent employé après la conjonction que sans exprimer une négation; c'est le NE ou le QUIN des Latins qui a passé dans le français.

(5) Remercier de, v. a. En anglais on dit : I thank you for, je vous remercie pour; en français dites: Je vous remercie de.

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me on Monday afternoon. I am delighted with the idea of your ball, though I have not vanity enough to imagine that I can add to the brilliancy of a circle that has the happiness to reckon you among the number of its attractions; however if you will accept me as a satellite, my feeble rays are at your service.

Adieu, God bless you.

Yours affectionately.

LETTER VIII.

From a gentleman to his friend, requesting a favour.

My dear friend,

Friday evening.

You have frequently expressed your readiness (1) to serve me on all occasions, and I never doubted the sincerity of your professions.

An unforeseen (2) circumstance has placed me in a situation of temporary embarrassment, and compels me to have recourse to some friend for assistance. I know no one (3) more worthy that honourable title than yourself, and therefore, without further (4) ceremony, beg (5) you to favour me with the loan (6) of a hundred and fifty pounds (7) for a few days, say a fortnight (8).

(1) Readiness, pour willingness, bonne volonté.

(2) Unforeseen, adj., imprévu, de un privatif, fore, avant, et seen, vu.

(3) I know no one, je ne connais personne; on pourrait aussi dire I do not know any one ou any body; ou bien I know not any one ou any body.

(4) Further, adj. et adv., pour more, plus. Ex. I will take no further trouble, je ne prendrai plus de peine.

(5) On remarquera que le pronom sujet d'un verbe est souvent sous-entendu dans les propositions secondaires ou subordonnées.

(6) The loan, mot à mot le prét, l'emprunt.

(7) A hundred and fifty; il faut toujours mettre la conjonction and entre 100, 200, etc., et le nombre qui suit.

(8) Fortnight, s., abrégé de fourteen nights, une quinzaine : les Anglais disent quatorze nuits.

pouvez m'attendre lundi dans l'après-midi. Je suis enchantée de l'idée de votre bal, quoique je n'aie pas assez de vanité pour m'imaginer que je puisse ajouter à l'éclat d'un cercle qui a le bonheur de vous compter parmi le nombre de ses attractions; cependant si vous voulez m'accepter pour un de vos satellites, mes faibles rayons sont à votre service.

Adieu Dieu vous bénisse, ma chère amie!
Je suis la vôtre avec affection.

LETTRE VIII.

D'un monsieur à son ami, pour demander une faveur.

Mon cher ami,

Vendredi soir.

Vous m'avez très-souvent témoigné (1) votre zèle pour me rendre service en toute occasion, et je n'ai jamais douté de votre sincérité.

Un événement imprévu m'a mis dans un embarras passager tel qu'il me force d'avoir recours à quelque ami. Or, comme je ne connais personne qui mérite (2) autant que vous ce titre honorable, je vous prie donc de me faire le plaisir de me prêter 150 livres sterling pour une quinzaine de jours environ (3).

(1) Témoigné, part. pass. du v. a. n. témoigner, dont le régime direct est votre zele, et m' rég. secondaire. Vous avez témoigné, quoi? votre zèle; à qui? à moi. La réponse qui suit qui ou quoi est toujours le régime direct; celle qui suit à qui ou à quoi est toujours le régime indirect.

(2) Qui mérite, subj. prés. du v. a. mériter. Les verbes réguliers de la 1re conjugaison (terminée en er) s'écrivent de même au présent du subjonctif qu'à celui de l'indicatif Pour connaître si un verbe de la première conjugaison est au subjonctif, supposez à sa place le verbe irrégulier aller (le seul irrégulier de cette mème conjugaison), ou tout autre d'une des trois autres conjugaisons, pourvu qu'il ne soit pas terminé par un e muet à la première personne du présent de l'indicatif, comme souffrir, qui fait je souffre. Ex. Or, comme je ne connais personne qui mérite mieux... mettez en place le verbe venir, vous aurez : comme je ne connais personne qui vienne; vous vous apercevrez alors que mérite est au subjonctif.

(3) Environ. Il y a, dans l'anglais : for a few days, say a fortnight (pour un peu CORRESPONDANCE. 4

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